Surfaces

 

Dans Surfaces, Cassandre Lepicard se met en scène face à un miroir embué de vapeur d’eau. Le visage jonché de pustules ovoïdes (il s’agit d’œufs crus dénudés de leurs coquilles et seulement pourvus de la membrane enveloppant le liquide), son aspect monstrueux contraste avec le soin esthétique que lui apporte l’artiste. On assiste à une « morning routine » dérangeante, une « skincare » du quotidien qui évoque l’absurdité de ce soin extrême apporté à notre enveloppe charnelle quand notre propre monstruosité d’être humain transparaît aux yeux du monde. Les excroissances font office de mauvais présage et l’artiste souligne ici la capacité de l’espèce humaine à se voiler la face vis à vis d’un monde qui court à sa perte.

Lien vers la vidéo : https://dai.ly/k518gWsWE3we9UzBUGk

 

Fécondation extra-utérine

Fécondation extra-utérine est une série de photographies inspirées des premiers clichés médicaux de patients malades. L’artiste s’est plus spécifiquement intéressée aux mises en scènes des « hystériques » du neurologue Jean-Martin Charcot. La vie de ces femmes hypnotisées par l’homme de sciences était  entièrement dédiée à l’avancée médicale, certaines en ont même acquis une notoriété enviable en tant qu’ «hystériques de Charcot », telle Blanche Wittman. Quand le médecin est adulé pour son intelligence, la femme est reconnue pour son aptitude à être manipulée. Le corps féminin photographié par Cassandre Lepicard se veut générique et l’attention se porte davantage sur l’aspect incongru causé par les excroissances qui pullulent sur la peau que sur l’identité de la personne photographiée. Des fragments de corps sont exposés, le visage n’apparaît pas, le corps est désexualisé de part son apparence repoussante. L’artiste se met en scène elle-même, sans dévoiler son visage, comme pour se réapproprier son corps, et plus généralement celui de la femme accaparé par la société. Les excroissances sont des œufs crus qui, une fois trempés dans du vinaigre, se détachent de leur coquille et gardent une fine membrane pour seul contenant. Ils font écho à la maladie, qui déforme le corps féminin et porte atteinte à une certaine plastique attendue par la société, mais aussi à la maternité, injonction naturelle qui colle à la peau des femmes encore aujourd’hui.

Homo monotrème

« Elle parcourt les monts et les plaines du Jura, se baignant aux rivières, aux torrents, aux lacs, aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d’un gros rubis, si pur que tout l’or du monde suffirait à peine à en payer le prix »

La Vouivre, Marcel Aymé, 1943 

Ce projet met en scène une nouvelle espèce, créature hybride à la fois ovipare et mammifère, née d’une relation symbiotique entre l’humain et son environnement.

À l’image du rubis que la Vouivre protège dans le livre de Marcel Aymé, les éléments naturels contenus dans les poches de l’homo monotrème prennent toute leur valeur symbolique. Un échantillon de nature plus précieux que tout l’or du monde. Car au-delà d’une valeur marchande ou esthétique, la terre, les cailloux, les feuilles, contenus dans les poches de l’homo monotrème lui sont essentiels à sa survie. Les poches lui servent de stockage de nourriture durant l’estivation, période de dormance pendant l’été.

Ce projet, réalisé à partir de moyens assez réduits (tissus pour le costume, cailloux, terre, feuilles directement prélevés sur le lieu de prise de vue), a été photographié dans les forêts et étangs de la Creuse. Ce choix de lieu n’est pas anodin car c’est un des départements abritant le plus d’espaces naturels préservés de France. Il donne à voir une faune et une flore opulentes et diversifiées.

Piégée

Captures d’écran d’une vidéo réalisée à partir d’un piège photographique dans la Creuse. Homo monotrème de nuit. 

 

 

 

 

Excroissance modulable

Dans cette série de photographie, Cassandre met en scène sa sculpture émaillée sur son propre corps. Le corps fragmenté supporte la sculpture tel un coussin sur lequel repose un petit être de chair et d’os. L’animal se balade sur un socle dont l’apparence lui fait écho. Les courbes de la chair laiteuse, les tensions créées par les os saillants, l’aspect carné de l’émaille invitent à penser que la sculpture n’est autre qu’une prolongation du corps de l’artiste, née de ses entrailles et libre d’explorer son nouvel environnement. 

Eggsoplanets

Cette série de photographie est née de la fascination de Cassandre Lepicard pour l’infinement grand et l’infiniment petit. Elle a souhaité questionner le rapport d’échelle que l’on peut donner à une image, interpeller le spectateur sur ce qu’il voit ou croit voir, en recréant  une image connue de tous, celle d’une planète, qui renvoie à la notion d’infiniment grand, avec des moyens très réduits, une œuf, du vinaigre, une lumière et différents briquets colorés transparents pour modifier la couleur de l’œuf.